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pensées

une excellence en lui, celle de la tête.

2o Ensuite il peut faire un de ces deux raisonnements contraires sur son bonheur futur.

Le mélancolique ou l’esprit vaste[1] dira : Cet homme se trompe sur son bonheur, je puis bien en faire autant ; examinons de nouveau.

Le sanguin ou l’esprit étroit dira : Cet homme se trompe en allant à un autre bonheur que le mien. Donc je suis bien assuré que le mien est le véritable.

L’erreur de ce raisonnement vient de ce qu’il suppose qu’il n’y a que deux bonheurs : le sien et celui du protagoniste qu’il vient de voir en scène.

L’homme qui examine tous les doutes, mais qui y procède lentement ne rira donc guère. La comédie le jettera dans le raisonnement, il ne rira qu’ensuite.

L’esprit vaste et vif examinera en un clin d’œil, verra un bonheur certain et rira.

Quand on voit son bonheur certain on sourit de plaisir, le gros rire vient (ce me semble) quand on dit : ô, comme j’ai plus d’esprit !

*

Dans une comédie tout doit tendre à

  1. Ou ne veut pas dire ici qui est.