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filosofia nova


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h. C’est un art bien nécessaire pour moi que celui de connaître la vérité dans les mœurs. C’est-à-dire d’observer ce qui paraît juste, injuste, bon, ridicule, heureux, malheureux à la majorité de la bonne compagnie de ce siècle. Voilà la base du talent comique pour s’élever à la hauteur de Goldoni.

Pour atteindre au mieux possible, à Molière et à Fabre, il faut connaître ce qui paraîtrait juste, injuste, ridicule, heureux, malheureux à l’homme du monde parfait.

Parfait veut dire qui saurait le plus de vérités possible et qui aurait la vanité sensible aux plus petites choses.

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J’ai lu ce matin Lycurgue et Brutus 2 dans Plutarque, traduction de Dacier, l’homme le moins propre peut-être à comprendre ces grands hommes. La vie de Lycurgue m’a intéressé, mais celle de Brutus m’a charmé. De tous les hommes que j’ai rencontrés dans le monde ou dans l’histoire, c’est le plus grand comme le plus aimable à mes yeux. Sa mort près de cette petite rivière aux bords très élevés, en delà de ces grands arbres sous le