Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/276

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à ses desseins. Il commença par s’emparer de la plupart des couvents pour les convertir en casernes. Le gouvernement pontifical protestait ouvertement contre cette violation du droit des gens ; mais le général Miollisn’en tint compte. Le pape, convaincu de l’inutilité de ses remontrances, prit le parti d’excommunier tous ceux qui faisaient cause commune avec les Français, et ses bulles d’excommunication étaient affichées pendant la nuit aux lieux accoutumés dans Rome et dans toute l’étendue des États Romains. Le généralrépondit à cesdémonstrations hostiles, en substituant des troupes françaises aux Suisses qui gardaient le palais de Monte-Cavallo, dont il interdit l’accès à tous les visiteurs. Le Saint-Père, voyant son autorité méconnue, et sa personne emprisonnée, fit fermer les portes du palais, et renonça à toute communication extérieure. Persuadé que les Français cherchaient les moyens de l’enlever, il fit préparer ses habits pontificaux, disposé à les revêtir si quelque téméraire violait son asile, et à fulminer un arrêt de mort contre celui qui oserait porter une main impie sur sa personne sacrée. Aussitôt que le peuple eut connaissance du projet des Français, son agitation fut extrême, et, malgré le nombre des soldats