Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/168

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Césare Beccaria dit : « Je croyais fermement, quand je me mis à écrire, que la seule existence de ce manuscrit dans mon bureau pouvait me conduire en prison ou du moins me faire exiler. Quitter Milan et mourir étaient alors la même chose pour moi ; contre ce danger, je ne me sentais aucun courage. Mais quand on me parlait d’une exécution à mort j’avais le cœur percé. — Je frémis quand je vis mon livre imprimé. Je puis dire que la peur d’être éloigné de Milan m’a ôté le sommeil pendant une année entière. Je connaissais la justice de mon pays ; les juges les plus vertueux m’auraient condamné de bonne foi, comme n’ayant pas mission du gouvernement pour m’occuper des délits et des peines. Quand enfin les prêtres commencèrent à intriguer contre moi, je ne vivais plus. Le comte Firmian me sauva ; une fois nommé professeur, je respirai ; mais je jurai à ma femme de ne plus écrire. »

Ces lettres seraient admirables à publier ; mais peut-être elles compromettraient les héritiers du marquis Beccaria. J’ai trouvé un excellent portrait de ce digne homme si semblable à Fénelon et meilleur (voir Saint-Simon).

M. Bettoni, imprimeur et homme fort actif, a publié cent portraits d’italiens