Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/297

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mi manifesta e dimostra ancora (e il deggio pur dire ?) agli enormi e sublimi delitti che tutto di vi si van commettendo, ch’ella, anche adesso, più che ogni altra contrada d’Europa, abbonda di caldi e ferocissimi spiriti a cui nulla manca per alle cose, che il campo e i mezzi[1]. » Il Principe e le Lettere, p. 325.

Ce ne sont pas les actions plus ou moins utiles aux hommes, c’est l’accomplissement scrupuleux des rites qui, en ce pays, conduit au bonheur éternel. L’Italien sent et croit qu’on est heureux ici-bas en satisfaisant ses passions, et dans l’autre vie, pour avoir satisfait aux rites. Les moines mendiants forment la conscience du bas peuple, et le bas peuple recrute le corps des laquais et des femmes de chambre qui forment la conscience des nobles. Heureuses les familles pauvres où la servante

  1. « Que dirai-je, enfin ? L’Italie moderne, arrivée au comble de la nullité et de l’abaissement, me démontre encore (grand Dieu ! dois-je le dire ?) par les crimes exécrables et pourtant sublimes que chaque jour voit commettre, qu’elle abonde, même aujourd’hui, et plus qu’aucun autre pays de l’Europe, en âmes ardentes supérieures à toute crainte, et à qui rien ne manque, pour s’immortaliser, qu’un champ de bataille et le moyen d’agir. »

    Remarquez la longueur de cette phrase ; c’est le défaut de la prose italienne que Boccace forma sur le modèle de la prose de Cicéron. Alfieri dit ailleurs : « La pianta uomo nasce piu robusta qui che altrove. » (La plante homme naît plus vigoureuse en Italie que partout ailleurs.) Rien n’est plus véritable. Donnez pendant vingt ans un Napoléon aux Romains, et vous verrez.