Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/134

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volcaniques, couvertes de vignes et de petits oliviers : rien de plus laid. Pour nous refaire, de temps à autre, nous traversons une petite plaine empuantie par quelque source malsaine. Rien ne porte à la philosophie comme l’ennui d’une laide route. « Je voudrais bien, me dit mon ami, que l’on proposât un prix pour l’examen de cette question : Quel mal Napoléon a-t-il fait à l’Italie ? »

On répondrait : « Il a donné deux degrés de civilisation, tandis qu’il lui eût été facile d’en accorder dix. »

Napoléon dirait de son côté : « Vous m’avez rejeté une de mes lois les plus essentielles (l’enregistrement des actes, repoussé en 1806 par le corps législatif de Milan) ; j’étais Corse, je comprenais le caractère italien, qui n’est pas décousu comme celui des Français ; vous m’avez fait peur. Par incertitude, autant que par fantasmagorie monarchique, j’ai renvoyé toute grande amélioration jusqu’à ce voyage de Rome que jamais je n’ai pu faire ; il m’a fallu mourir sans voir la ville des Césars, et sans dater du Capitole un décret digne de ce nom. »