Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/34

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personnage, et le rire qu’il doit faire naître. Si l’on voyait les cœurs, l’on trouverait ici plus souvent le bonheur que le plaisir, l’on verrait que l’Italien vit par son âme beaucoup plus que par son esprit. Or c’est à l’esprit que peut plaire un voyageur arrivé de Paris depuis deux jours.

Réunissez trente indifférents dans un salon ; si vous voulez qu’ils s’amusent et que même ils forment un spectacle agréable pour un étranger, il faut absolument que ces indifférents soient de Paris ou des départements voisins.

Le bon prince Léopold de Toscane (1780), si vanté par nos philosophes, qui en faisaient un repoussoir (terme de paysagiste), avait un espion dans chaque famille ; que sera-ce des princes actuels qui ont plus de peur de perdre leur place que le moindre préfet ? (Comptez les milliers de prisonniers renfermés dans les petites îles voisines de la Sicile, ou chargés de fers à Venise et dans les forteresses de l’Autriche. Total : trente mille, dit M. Angeloni.)

L’Anglais, placé à côté d’hommes qui ne lui ont pas été présentés, se gardera d’ouvrir la bouche, son voisin est probablement d’une caste différente de la sienne ; et quel désagrément si, de retour sur le pavé de Londres, ce voisin allait lui adresser la parole ! J’ai souvent observé que les