Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/75

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célèbre depuis sous le nom de Santi Bentivoglio, ne se doutait de rien, et, après la mort de celui qu’il avait cru son père, continuait à Florence la profession de marchand de laine, exercée par celui-ci. Il avait vingt-deux ans lorsque Côme de Médicis, à qui la seigneurie de Bologne avait écrit, le fit appeler, et commença par ces mots un des dialogues les plus singuliers dont l’histoire ait gardé le souvenir : « Vous avez à considérer, ô jeune homme ! ce qui doit l’emporter dans l’esprit d’un homme sage, des jouissances de la vie privée ou de celles que peut offrir le gouvernement d’un état..... » Apprenant et ce qu’il était et la grandeur imprévue à laquelle on l’appelait, Santi hésita ; mais les conseils de Neri Capponi, alors le premier homme d’État de Florence, le décidèrent à accepter. Voilà une des situations des Mille et une Nuits réalisée.

Santi, reçu avec enthousiasme par les Bolonais, se trouva digne de sa place, et pendant seize ans gouverna avec vigueur et désintéressement. À sa mort, en 1462, Jean II, fils d’Annibal, se mit à la tête de la république. Ainsi que Laurent de Médicis, à Florence, Jean II appela à son aide toutes les séductions et monarchisa ses concitoyens. Ses douces manières ne séduisirent pourtant pas les Malvezzi, nobles