Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Urbin, 25 mai. — Singulière vivacité des habitants de cette petite ville de montagne ; grands monuments dont elle est remplie. Elle eut un prince, le duc Guidobaldo, le rival des Médicis.

Le bon ton consiste assez, en France, à rappeler sans cesse, d’une manière naturelle en apparence, que l’on ne daigne prendre intérêt à rien. Les pauvres Italiens sont bien loin de songer aux jouissances de vanité ; au milieu de l’absence de toute loi et de toute justice (on parle de ce qui existait autrefois), ils cherchent celles de la sûreté. Est-ce leur faute s’ils sont féroces ? Si, sous des gouvernements souvent cruels, parce qu’ils ont toujours peur, et si faibles qu’ils n’ont de force que par l’astuce, ils n’étaient pas féroces, ils seraient détruits, si ce n’est par le pacha, du moins par le sous-pacha ou par le cadi.

Comme chez le malheureux fellah de la basse Égypte, la méfiance retient à chaque instant la sympathie la plus vive et la plus enflammée. De là vient qu’à la vue de la douleur et de l’injustice, s’ils sortent de leur apparente froideur,