Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/110

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du ridicule n’étant pas encourue à chaque moment, il n’y a nulle roideur dans le monde ; chacun se livre à sa disposition. C’est ainsi que la plus haute société du peuple le plus poli de l’univers se rapprochait infiniment de la liberté de la société des paysans, et par les mêmes causes.

« En Angleterre, nous n’avons jamais eu cet arrangement. Les grandes richesses de la classe mercantile, et le droit qu’a chacun d’aspirer à toutes les places, ont toujours prévenu toute séparation entre les gens de haute naissance, et les bourgeois même dans la société la plus intime. Des millions, ou de grands talents, suffisant pour élever un homme aux premières places, il faut bien que ces avantages lui servent aussi de passe-port pour arriver à [a haute société. Par là, elle se trouve mélangée de caractères si discordants, et quelquefois si bizarres, que l’aisance et souvent même la tranquillité y deviennent difficiles à maintenir. L’orgueil de la bourse, l’orgueil de la naissance et l’orgueil des manières s’y provoquent à tous moments. C’est ainsi que des vanités qui ne se faisaient pas apercevoir, tant qu’elles étaient universelles, deviennent bientôt visibles, et remplissent tout le champ du tableau, dès qu’elles rencontrent des vanités contraires. À Londres, la société,