Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alma gloria, va au cœur. Cet opéra de Tancredi est digne qu’on prenne la peine d’en corriger les paroles. M. Previda, homme d’esprit, et rédacteur du journal, me dit qu’on joue à la fois Tancrède à Barcelone et à Munich. Un jour, il dit, à Vienne, dans la société, que Buonaparte était un grand général. On l’envoya servir trois ans, comme simple soldat, dans un régiment qui faisait la guerre. Il ne voulut jamais déserter.

24 juin, à trois heures du matin. — Je viens d’entendre M. le duc de *** qui joue supérieurement de la harpe. Je suis étonné de ses jugements sur la musique : madame Al*** se moque de moi. C’est une chose convenue, en Italie, que, mieux on joue d’un instrument, moins on est juge de ce qu’on joue. J’y vois trois raisons :

1o La longue société avec des croque-notes ;

2o On est habitué à entendre sans enthousiasme les plus belles choses qu’on joue :

3o Le difficile auquel on fait attention n’est pas le difficile d’émouvoir les cœurs. Je me rappelle l’anecdote contée par Collé, de ce secrétaire si bête, qu’il écrivait, sans s’en douter, une lettre où l’on parlait