Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/155

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on ne sait où l’on va : ainsi notre Alfieri se jeta dans la poésie dramatique, sachant aussi peu ce que c’était que poésie que ce que c’était que drame ; il écrivit sa première pièce[1] sans savoir même l’orthographe de la langue dans laquelle il prétendait se faire admirer. Une fois que son caractère de fer eut donné dans cette idée, il attaqua les difficultés avec toute la véhémence de son orgueil ; mais, s’il eût mieux connu les modèles, il n’eût jamais mis là son orgueil. Le défaut contraire étouffe peut-être la moitié des génies qui naissent à Paris. »

Nous parlions poésie à propos de M. Cesare Arrici, jeune poëte de Brescia, connu par un poëme champêtre. M. Arrici n’a pas inventé un nouveau style dans la Jérusalem détruite, poëme épique qu’il achève : mais il imite admirablement les styles des grands poëtes italiens. On se dit en le lisant : Telle octave est du Tasse, telle autre de Monti ; mais la lecture ennuie. Quel succès aurait un tel poëte en France !

  1. Cléopâtre.