Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/174

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lacs du Milanais, au milieu de ces bosquets de châtaigniers si verts qui viennent baigner leurs branches dans les ondes.

Ce matin, à cinq heures, nous sommes partis de Como dans une barque couverte d’une belle tente bleu et blanc. Nous avons visité la villa de la princesse de Galles, la Pliniana et sa fontaine intermittente ; la lettre de Pline est gravée sur le marbre. Le lac devient, en cet endroit, sombre et sauvage ; les montagnes se précipitent presque à pic dans les eaux. Nous avons doublé la pointe de Balbianin, non sans peine, nos dames avaient peur ; cela est d’un aspect aussi rude que les lacs d’Écosse. Enfin, nous avons aperçu la délicieuse plage de Tramezzina et ces charmantes petites vallées qui, garanties du nord par une haute montagne, jouissent du climat de Rome ; les frileux de Milan viennent y passer l’hiver ; les palais se multiplient sur la verdure des collines et se répètent dans les eaux. C’est trop de dire palais, ce n’est pas assez de les appeler des maisons de campagne. C’est une manière de bâtir élégante, pittoresque et voluptueuse, particulière aux trois lacs et aux colli di Brianza. Les montagnes du lac de Como sont couvertes de châtaigniers jusqu’aux sommets. Les villages, placés à mi-côte,