Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/177

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de la Raison[1]. Tout le monde est jaloux de la France ; grande preuve de supériorité et peut-être la seule bonne, puisque la flatterie ne saurait la contrefaire. À Paris, la partie plate de la nation est la seule qui s’agite, la seule qui paraisse ; de loin on nous juge par nos Tracy, nos Gouvion-Saint-Cyr, nos Grégoire, nos Lanjuinais, nos de Broglie.

L’Italie morale est un des pays les plus inconnus ; les voyageurs n’ont vu que les beaux-arts et n’étaient pas faits pour sentir que les chefs-d’œuvre viennent du cœur. Je voudrais parler de la littérature, mais je n’ai pas le temps. Le savant Ginguené, malgré sa bonne volonté, était encore un produit de l’ancienne éducation, et n’est pas à la hauteur de son sujet. Sismondi est tiraillé par deux systèmes opposés : admirera-t-il Racine ou Shakspeare ? Dans ses perplexités, il ne nous dit pas de quel parti est son cœur : peut-être n’est-il d’aucun parti. Son livre devait être l’Esprit des lois des gouver-

  1. Par les profusions de Pitt, qui, en 1794, sauvèrent l’aristocratie, tout Anglais qui n’a pas cent louis de rente est condamné, par sa naissance, au plus inévitable malheur. La faim, qui moissonne les ouvriers de Birmingham, en 1817, nous venge des horreurs de Commune-affranchie. (Voir les discours de M. Brougham.) Si les nations réfléchissaient, elles feraient banqueroute au plus vite, et déclareraient que les dettes contractées par un prince ne sont pas obligatoires pour son successeur.