Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/188

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donner le maître et être soi-même. Les auteurs italiens, qui sont presque tous prêtres, veulent à toute force continuer le Dante et Virgile. Cela fait deux sectes de pédants, les pédants d’idées : Verri, Micali, etc. ; les pédants de style, Botta, Giordani, Rosmini, etc.

L’Italie reprochera toujours à son père de ne pas lui avoir donné une École polytechnique, où l’on n’eût admis que des jeunes gens nobles pour la plupart, et ayant douze cent francs de rente. On leur aurait enseigné Jérémie Bentham, Adam Smith, Say, Tracy, Cabanis, Malthus, Montesquieu ; on leur eût fait lire Corneille, Shakspeare, Molière, Schiller, Racine, Rousseau, Helvétius, Voltaire, Bossuet et les grands poëtes nationaux.

Croit-on que les républiques du Mexique et du Pérou vont s’amuser à se traîner lentement de préjugé en sottise, et de sottise en erreur moins grossière, sur tous les progrès de notre lente civilisation, où chaque vérité a été achetée par dix ans de travail de l’auteur, et ensuite par six mois de Bastille ?

Non ; leurs écoles se transporteront sur-le-champ à la frontière de la science. Pourquoi apprendre la physique dans Nollet si on peut la voir dans Biot ? Leur jeune énergie partira du point où la vieille Europe