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j’avais des lettres de recommandation ; encouragé par l’amabilité de la maîtresse du logis, je me présente. Là, comme ailleurs : 1o la politique envahit toute la conversation ; 2o rien de plus opposé que la conversation et les journaux. — Gherardo de Rossi a bien peint les mœurs de Rome, mais il avait peur. Les comiques italiens ne devraient publier qu’après leur mort[1].

Il y a quatre petits théâtres à Rome, outre les deux principaux, Valle et Argentina. Les jeux de paume les plus enfumés, qui, dans quelques petites villes de France, gardent encore le nom de salles de spectacle, n’ont rien à envier à Rome. Sous les Français, les Romains ont entrevu la civilisation : ces barbares leur ont donné une promenade publique et une salle assez jolie (Teatro d’Apollo).

J’ai trouvé dans un de ces taudis {Teatro del Mondo) une chose bien étrange, une comédie qui peint juste l’état actuel des mœurs de l’Italie. Le souverain des Marais d’Orbitello, en Toscane, visite, déguisé, la seconde ville de ses États, qui a trois mille habitants. Le peuple est occupé à célébrer les vertus de son premier magistrat. Ce sous-préfet, d’accord avec l’homme le plus riche de l’endroit, con-

  1. Voir La Prima Sera dell’ Opera, comédie.