Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/191

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ner. L’Italie est plus près de la liberté, parce qu’elle est infiniment moins dupe de l’hypocrisie ; elle croit tous les hommes en pouvoir méchants et leur dit : Prouvez le contraire. Elle doit tendre à se donner rapidement des lumières. Pour cela, il faut commencer par souffrir la vérité. Tous les livres imprimés dans ce beau et malheureux pays, depuis l’an 1600, peuvent se réduire à dix volumes.

Voilà la triste vérité qu’il faut que les jeunes Italiens supportent : mais ils n’en sont pas encore à ce premier pas. Je crains bien que pendant cinquante ans encore ce mot n’excite que de la colère ; il est dur de se dire à vingt ans : « Tout ce que je sais m’a été enseigné par des gens qui avaient le plus pressant intérêt à me tromper. Il faut refaire toutes mes idées sur tout. »