Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/209

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du génie pour m’enfoncer dans le sombre septentrion, il faut que j’écrive deux ensembles d’idées : 1o une étude faite d’après une bande de voleurs du pays de Naples ; 2o l’état du Parnasse musical italien. Je n’ai pas le temps d’écrire l’enterrement de la princesse Buoncompagni, à Rome, et mon étonnement mêlé d’horreur lorsque je trouvai à l’église des Apôtres cette jeune et superbe femme de dix-neuf ans, avec du rouge, couchée sur son catafalque, et entourée de sept à huit prêtres à moitié endormis, vers les minuit.

L’Église cherche tous les moyens d’augmenter l’horreur de la mort. Elle a réussi du moins pour moi. La mort, qui sur le champ de bataille ne m’avait jamais paru qu’une porte ouverte ou fermée, et qui, tant qu’elle n’est pas fermée, est ouverte, me poursuit d’une image horrible depuis que j’ai vu cette figure céleste avec son rouge. Que dirais-je de l’horreur du lendemain, lorsque à la nuit tombante je la vis portée dans les rues, étendue sur un lit de repos, et toujours la tête découverte ? Le jeune prince Buoncompagni l’avait épousée par amour, et la famille, qui ne l’avait pas voulu reconnaître, venait de pardonner depuis peu. Elle avait été longtemps réfugiée dans un couvent ; leurs amours furent. toujours malheureuses. C’est un des plus