Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non ; je vois seulement qu’ils n’ont eu ni Louis XIV, ni chevalerie. Du reste, un revers les irrite au lieu de les décourager. — J’ai occasion de présenter à mon grenadier un Anglais de ma connaissance. Je vois bien distinctement que le sentiment des Anglais, à notre égard, est la jalousie de l’infériorité qui se connaît. Ils méprisent souverainement les Allemands, les Italiens, les Espagnols. Au contraire, les moindres détails sur la France leur sont précieux, et ils blâment avec hypocrisie et rage concentrée les mêmes choses qu’ils portent aux nues un instant après, lorsqu’elles sont présentées en thèse générale. Mon Anglais, par exemple, accablait les Italiens du plus outrageant mépris, parce qu’au moral ce sont les fils de la France. Il parle de leur superstition. « Ignorez-vous, monsieur, qu’à Londres il paraît vingt ouvrages de théologie par semaine ? C’est plus que dans toute l’Italie. » L’Italie a les yeux sur la France, et il sera bien difficile de l’empêcher de régler ses mouvements sur ceux de cet heureux pays. Mon soldat me fait les questions les plus détaillées sur nos généraux.