Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/29

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vous demande sera payé trente mille francs. — Et que dira l’Europe lorsqu’elle saura que Camuccini fait un tableau pour trente mille francs ? »

15 mars. — Madame C*** me fait appeler en toute hâte à une heure après minuit. Je pense que la police m’honore d’un moment d’attention. Rome étant au milieu d’une couronne de quatre lieues de désert dans tous les sens, échapper ne me paraît pas difficile. Je suis agréablement surpris lorsque madame C*** me dit qu’elle va me faire lire Macirone. C’est un roman qui se vend deux cents francs, ou plutôt qu’on ne peut avoir, quelque argent qu’on en offre. Ce sont de mauvaises copies manuscrites pleines de non-sense qui se vendent deux cents francs. Nous avons passé la nuit à lire l’original ; c’est un volume français de cent trente-six pages, imprimé à Londres. M. Macirone, né en Angleterre, et aide de camp de Murat, raconte les six derniers mois de la vie de son maître[1]. Je ne sais si cela est vrai : mais ce récit est plus intéressant qu’aucun roman. La reconnaissance dans une bastide près Marseille

  1. Plût au ciel que tous les usurpateurs eussent trouvé le même châtiment !