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par la moindre critique. J’ai voulu suivre cette idée dans le salon de madame M*** avec des gens qui se prétendent philosophes ; j’ai vu que les nations sont entre elles comme les jeunes gens riches mal élevés. Les Italiens sont, de plus, perdus de flatterie par les patriotes à la Dubelloy (voir la Biblioteca italiana de Milan). De cinquante ans cette nation ne souffrira la vérité. Je ne crois pas qu’elle trouve beaucoup de voyageurs qui l’aiment autant que moi, et ce soir toutes les mines me regardaient comme ennemi.

30 avril. — Je viens de passer quatre jours en villegiatura, chez le prince V***. Les maris n’ont pas en Italie la centième partie de la jalousie de ceux de France. Je n’ai pas pu découvrir la cause du sigisbéisme autre part que dans la nature. Quelques philosophes, qui étaient avec nous, m’ont dit qu’à la fin du moyen âge, quand il y eut en Italie des foules de petits tyrans cherchant à donner de la dignité à leur cour en singeant l’étiquette espagnole, les particuliers riches prirent d’eux l’usage de donner un écuyer à leurs femmes.

Oserai-je parler du fond des mœurs ? Suivant les récits de mes camarades, je crois qu’il y a autant de maris malheureux