Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/70

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pays du Midi. Couchés sous de grands chênes, nous goûtions en silence une des vues les plus étendues de l’univers. Tous les vains intérêts des villes semblent, expirer à nos pieds ; on dirait que l’âme s’élève comme les corps ; quelque chose de serein et de pur se répand dans les cœurs.

Au nord, nous avons devant nous les longues lignes des montagnes de Padoue, couronnées par les sommets escarpés des Alpes, de la Suisse et du Tyrol. Au couchant, l’immense océan de l’horizon n’est interrompu que par les tours de Modène ; à l’est, l’œil se perd dans des plaines sans bornes : elles ne sont terminées que par la mer Adriatique qu’on aperçoit les beaux jours d’été au lever du soleil ; au midi, autour de nous, sont les collines qui s’avancent sur le front de l’Apennin ; leurs sommets couverts de bouquets de bois, d’églises, de villas, de palais, déploient la magnificence des beautés de la nature, secondée par ce que les arts d’Italie ont de plus entraînant. Le bleu foncé de l’atmosphère n’était altéré, par quelques légers nuages d’une éclatante blancheur, que tout à fait à la ligne de l’horizon.

Nos cœurs, pleins d’émotion, jouissaient en silence de tant de beautés, quand tout à coup un de nos compagnons se lève,