Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/76

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son commerce, et garda son économie, la première vertu du commerce.

La Florence d’aujourd’hui est un port ouvert aux gens ruinés. Venise est bien plus gaie et bien plus aimable ; mais il faut s’accoutumer à n’avoir pour toute promenade que des rues larges de quatre pieds, et un jardin unique grand comme les deux tiers des Tuileries.

3 mai. — J’ai à me confesser d’une grande erreur. L’étranger qui ne voit d’abord que les littérateurs et les gens qui passent pour des esprits, est étonné de la sottise de ce peuple. Au contraire, il n’y a rien de si fin et de si spirituel au monde. Les gens d’esprit sont ceux qui n’en font pas métier. Dès qu’ils veulent se cultiver, ils deviennent pédants. Des jeunes gens étonnants par la finesse et la sagacité de leur esprit forment des collections d’auteurs classiques, c’est-à-dire cités par la Crusca, et leur grande affaire devient de ne plus employer de mots dans la conversation qu’ils ne puissent montrer dans les Canti carnavaleschi ou autre platitude imprimée au quinzième siècle. Au premier abord, il vous faut essuyer toute cette science. C’est là que mon courage m’avait abandonné à mon premier passage ; depuis, j’ai découvert