Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/82

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si elle ne m’ennuyait pas, elle me plairait assez. »

9 mai. — Admirables portraits de M. Palaggi. Un écuyer du roi d’Italie, banquier millionnaire, s’est fait peindre en écuyer. Le gouverneur l’a mandé et tancé vertement ; à quoi l’autre a répondu qu’il était maître de se faire peindre avec tel habit qu’il voudrait, et que d’ailleurs il ne rougirait jamais du costume rappelé par son portrait.

10 mai. — Rien ne peut distraire les Italiens et surtout les Bolonais, de leur politique enragée, qu’Alfieri. J’ai passé la soirée avec deux personnes qui ont vécu avec lui dans l’intimité, ou plutôt, car sa hauteur ne permit jamais l’intimité, qui l’ont vu très-souvent les dernières années de sa vie. L’un de ces messieurs lui ressemble ; et avec beaucoup de grâce, car il était malade ; il nous a donné pendant un quart d’heure une représentation d’Alfieri. C’est un grand homme maigre, à cheveux rouges ; sa physionomie, ses veux surtout, sont d’un dictateur de Rome. Il est entré dans le salon, et, à tout ce qu’on a pu lui dire, n’a répondu qu’en sifflant. Tout le monde se récriait sur l’étonnante ressemblance.