Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/95

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le grand trot, et fait trois lieues à l’heure. Il faut un chemin superbe, et tel que celui d’Arona à Ancône : autrement l’on verse. Hier, j’ai versé trois fois ; mais c’était ma faute, et non celle de la route. Mon cheval faisait près de quatre lieues à l’heure. L’attention étant forcément fixée sur le paysage, on ne peut plus oublier les pays qu’on a parcourus en sediole. Mon cheval vient de Padoue.


Ferrare, 17 mai. — Il a fallu m’arracher à Bologne, après y avoir passé quinze jours de plus que je ne comptais. Paccini est un excellent bouffe, plein de verve. Chaque soir il change quelque chose à son rôle, et Bologne, pour l’esprit, est la ville la plus remarquable de l’Italie. Les grandes pensées viennent du cœur.

Me voici à Ferrare, qui fut une grande ville, tant qu’elle sut garder sa nationalité ; depuis qu’elle est au pape, le légat, pourrait nourrir un demi-régiment de cavalerie avec l’herbe qui croît dans les rues. Les gens riches vendent leurs terres et vont s’établir à Milan. On peut acheter ici douze mille livres de rente pour cent