Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/181

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cours à toutes les mauvaises habitudes de la misère dans laquelle il végète les deux tiers de sa vie. Voilà les gens à qui l’empereur jeta la France ; mais il pouvait les mépriser. L’empereur voulait faire administrer la France par des commis à 1.200 francs d’appointements. Le commis faisait le projet, et l’orgueil du ministre le faisait passer.

Une chose qui peint l’époque, ce sont les comptes du marchand de papier de chaque ministère ; cela va à l’incroyable. Ce qui l’est autant pour le moins, c’est la quantité de travail inutile et nécessairement mauvais, que faisaient ces malheureux ministres et ces pauvres préfets. Par exemple, une des grandes affaires de ceux-ci était d’écrire, de leur propre main, tous les rapports, même les différentes copies du même rapport, pour les divers ministères ; et, plus ils travaillaient ainsi, plus le département dépérissait. Le département qui allait le mieux en France, était celui de Mayence qui avait pour préfet Jean Debry, qui se moquait ouvertement de la bureaucratie ministérielle.