Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/197

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l’empereur a portée dans le despotisme. Voilà un digne pouvoir qu’un ministre qui sait son affaire ne manque pas d’acquérir par un souverain faible ou, du moins, qui ne sait l’affaire qu’à demi.

Les séances du Conseil d’État étaient brillantes pour l’empereur. Il est impossible d’avoir plus d’esprit. Dans les affaires les plus étrangères à son métier de général, dans les discussions sur le Code civil par exemple, il étonnait toujours. C’était une sagacité merveilleuse, infinie, étincelant d’esprit, saisissant, créant dans toutes questions des rapports inaperçus ou nouveaux ; abondant en images vives, pittoresques, en expressions animées, et pour ainsi dire, dardées, plus pénétrantes dans l’incorrection même de son langage, toujours un peu imprégné d’étrangeté, car il ne parlait correctement ni le français, ni l’italien.

Ce qu’il y avait de charmant, c’était sa franchise, sa bonhomie. Il disait un jour qu’on discutait une affaire qu’il avait avec le pape : « Cela vous est bien aisé à dire à vous ; mais si le pape me disait : « Cette nuit l’ange Gabriel m’est apparu et m’a dit telle chose », je suis obligé de la croire. »

Il y avait au Conseil d’État des têtes du Midi qui s’animaient, allaient fort