Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/318

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Couchés, assis, debout, ou errant familièrement autour de lui, ils avaient besoin de lui parler. Ils lui faisaient des questions continuelles auxquelles il répondait sans le plus petit signe d’impatience, quoique plusieurs ne fussent pas peu indiscrètes. Ils voulaient savoir son opinion sur plusieurs grands personnages vivants, sur des rois, des maréchaux, des ministres d’autrefois. Ils entreprenaient de discuter avec lui des passages connus[1] de ses propres campagnes, et même de sa politique intérieure. Il savait satisfaire ou élucider leur curiosité et souvent entrait dans de grands détails sur sa propre conduite et sur celle de ses ennemis. Soit qu’il examinât les titres de gloire de ses contemporains, soit qu’il rappelât les faits militaires des temps anciens et modernes, toutes ses réponses étaient d’un ton d’aisance[2], de noble familiarité et de franchise qui ravissait les soldats. « Chaque mot, disait le colonel Jermanowski, nous semblait digne d’être conservé pour la postérité. » L’empereur parlait sans détour de son entreprise actuelle, des difficultés qu’elle présentait et de ses espérances. « Dans les cas comme celui-ci, il faut

  1. Au lieu de passages, peut-être époques.
  2. Est-ce français : être d’un ton pour avoir un ton d’aisance ? À voir dans J.-J.