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CHAPITRE LXXXVII


Nous avons représenté Napoléon avec les traits qui nous semblent résulter des récits les plus fidèles ; nous-même nous avons habité sa cour plusieurs années.

C’est un homme doué de talents extraordinaires et d’une dangereuse ambition, l’être le plus admirable par ses talents qui ait paru depuis César, sur lequel il nous semble l’emporter. Il est plutôt fait pour supporter l’adversité avec fermeté et majesté que pour soutenir la prospérité sans s’en laisser enivrer. Emporté jusqu’à la fureur quand on contrarie ses passions, mais plus susceptible d’amitié que de haine durable, entaché de quelques-uns des vices indispensables à un conquérant, mais non pas plus prodigue de sang ni plus indifférent envers l’humanité que les César, les Alexandre, les Frédéric, gens auprès desquels on le placera et dont la gloire va tomber tous les jours. Napoléon a été engagé dans plusieurs guerres qui ont fait répandre des flots de sang, mais