Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/150

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sa partie avait fini. Je vous fais grâce de la troisième version.

Une autre fois Haydn, cherchant à amuser la société du prince, alla acheter, dans une foire d’un bourg de Hongrie, voisin d’Eisenstadt, un plein panier de sifflets, de petits violons, de coucous, de trompettes de bois, et de tous les instruments qui font le bonheur des enfants. Il prit la peine d’étudier leur portée et leur caractère, et composa la symphonie la plus plaisante avec ces seuls instruments, dont quelques-uns même exécutent des solo : le coucou est la basse générale de cette pièce.

Beaucoup d’années après, Haydn, étant en Angleterre, s’aperçut que les Anglais, qui aimaient beaucoup ses compositions instrumentales quand le mouvement en était vif et allegro, s’endormaient ordinairement à l’andante ou à l’adagio, quelques beautés qu’il cherchât à y accumuler : il fit un andante plein de douceur, de suavité, et du chant le plus tranquille ; tous les instruments semblèrent s’éteindre peu à peu ; et au milieu du plus grand pianissimo, partant tous à la fois, et renforcés par un coup de timbale, ils firent ressauter[1] l’auditoire endormi.

  1. Réveiller. Façon de parler du Midi. (Note ms. de l’ex. Mirbeau.)