Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/176

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contenter. Une symphonie lui coûtait un mois de travail, une messe plus du double. Ses brouillons sont pleins de passages différents. Pour une seule symphonie, on trouve notées des idées qui suffiraient à trois ou quatre. C’est ainsi que j’ai vu à Ferrare la feuille de papier sur laquelle l’Arioste a écrit, de seize manières différentes, la belle octave de la Tempête ; et ce n’est qu’à la fin de la feuille qu’on trouve la version qu’il a préférée.

Stendon le nubi un tenebroso velo, etc.

Comme Haydn le disait lui-même, son plus grand bonheur fut toujours le travail.

C’est ainsi que l’on peut concevoir l’énorme quantité d’ouvrages qu’il a mis au jour. La société, qui vole les trois quarts de leur temps aux artistes vivant à Paris, ne lui prenait que les moments dans lesquels il est impossible de travailler.

Gluck, pour échauffer son imagination et se transporter en Aulide ou à Sparte, avait besoin de se trouver au milieu d’une belle prairie : là, son piano devant lui, et deux bouteilles de champagne à ses côtés, il écrivait en plein air ses deux Iphigénies, son Orphée et ses autres ouvrages.

Sarti, au contraire, voulait une chambre vaste, obscure, éclairée à peine par une