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à la Création, avait composé (en 1774) un premier oratorio intitulé Tobie, œuvre médiocre, dont deux ou trois morceaux seulement annoncent le grand maître. Vous savez qu’à Londres Haydn fut frappé de la musique de Hændel : il apprit dans les ouvrages du musicien des Anglais l’art d’être majestueux. Me trouvant un jour à côté de lui chez le prince Schwartzenberg pendant qu’on exécutait le Messie de Hændel, comme j’admirais un des chœurs sublimes de cet ouvrage, Haydn me dit tout pensif : « Celui-là est le père de tous. »

Je suis convaincu que s’il n’eût pas étudié Haendel, Haydn n’eût pas fait la Création : son génie fut enflammé par celui de ce maître. Tout le monde a reconnu ici que, depuis son retour de Londres, il eut plus de grandiose dans les idées ; enfin, il s’approcha, autant qu’il est donné à un génie humain, de l’inapprochable but de ses chants[1]. Hændel est simple : ses

  1. En 1791, Haydn assista à sa Création exécutée dans l’église de Westminster. Il y entendit pour la première fois un orchestre de 1.067 musiciens :
    Violons 
     250
    Altos 
     50
    Violoncelles 
     50
    Contre-basses 
     27
    Tambours 
     8
    Orgue 
     1
    Hautbois 
     40
    Bassons 
     40
    Cors 
     12
    Trompettes 
     14
    Trombones 
     12
    Voix 
     563

    L’effet fut très doux ; on entendait très bien les voix. Chose singulière, les sons bas parurent manquer de force. Voir les détails, p. 230 de la traduction.

    (Note de l’erratum de 1817)

    M. D. Muller fait remarquer dans l’excellente édition Champion que la Création n’était pas écrite en 1791 et qu’il ne peut s’agir ici que du Messie de Haendel. N. D. L. E.