Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Haydn, en imitant directement la nature, se soit fait un moyen de succès des souvenirs de ses compatriotes.

Les critiques reprochèrent aux Quatre Saisons d’avoir encore moins de chants que la Création, et dirent que c’était une pièce de musique instrumentale, avec accompagnement de voix. L’auteur vieillissait. On lui objecte aussi, assez ridiculement suivant moi, d’avoir mêlé un peu de gaieté à un sujet sérieux. Et pourquoi sérieux ? Parce que la pièce de musique s’appelle oratorio. Le titre peut être mal choisi ; mais la symphonie qui n’émeut pas bien profondément n’est-elle pas trop heureuse d’être gaie quelquefois ? Les frileux lui reprochent, avec plus de raison, d’avoir mis deux hivers dans une seule année.

La meilleure critique qu’on ait faite de cet ouvrage est celle que Haydn m’adressa lorsque j’allai lui rendre compte de la représentation qu’on venait d’en donner au palais de Schwartzenberg. Les applaudissements avaient été unanimes. Je me hâtai de sortir pour aller faire mon compliment à l’auteur. Je commençais à peine à ouvrir la bouche, que le loyal compositeur m’arrêta :

« J’ai du plaisir que ma musique ait plu au public mais de vous je ne reçois