Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/263

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d’une parfaite tranquillité, quand, un soir, Stradella, qui prenait l’air sur le rempart de la ville, fut assailli par trois hommes qui le laissèrent pour mort avec un coup de poignard dans la poitrine. C’était le père d’Hortensia et ses deux compagnons, qui se réfugièrent aussitôt au palais de l’ambassadeur de France. M. de Villars, ne voulant ni les protéger après un crime qui avait fait autant de bruit, ni les livrer à la justice après leur avoir donné un asile, les fit évader quelques jours après.

Cependant, contre toute apparence, Stradella guérit de sa blessure, et le Vénitien vit échouer ses projets pour la seconde fois, mais sans abandonner sa vengeance. Seulement, rendu prudent par le manque de succès, il voulut prendre des mesures plus assurées, et se contenta pour le moment de faire épier Hortensia et son amant. Un an se passa ainsi. La duchesse, de plus en plus touchée de leur sort, voulut légitimer leur union et les marier. Après la cérémonie, Hortensia, ennuyée du séjour du couvent, eut envie de voir le port de Gênes. Stradella l’y conduisit, et le lendemain de leur arrivée ils furent trouvés poignardés dans leur lit.

On fixe cette triste aventure à l’an 1670. Stradella était poëte, compositeur, et le premier chanteur de son siècle.