Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/396

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ma lettre à l’aimable société que je vais joindre à la Madonna del Monte, tout le monde, mon aimable Louis, saurait les airs touchants faits sur les paroles que je vais transcrire, et les chanterait à demi-voix. Qu’il en est autrement aux lieux où vous êtes !

Oh fortunatos nimium, sua si bona norint !
Ah ! malheureux, connaissez le bonheur pendant qu’il en est temps encore !

Quelle folie de s’indigner, de blâmer, de se rendre haïssant, de s’occuper de ces grands intérêts de politique qui ne nous intéressent point ! Que le roi d’Espagne fasse pendre tous les philosophes ; que la Norwège se donne une constitution, ou sage, ou ridicule, qu’est-ce que cela nous fait ? Quelle duperie ridicule de prendre les soucis de la grandeur, et seulement ses soucis ! Ce temps que vous perdez en vaines discussions compte dans votre vie ; la vieillesse arrive, vos beaux jours s’écoulent.

Cosi trapassa al trapassar d’un giorno,
Della vita mortale il flore e’l verdé :
Nè perchè faccia indietro april ritorno,
Si rinfiora ella mai, nè si rinverde…
.........Amiamo, or quando
Esser si puote riamato amando.

Tasso, c. XVI, ott. xv.