Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

découverte, en marmottant des prières. J’ai cru avoir affaire à un enterrement et, pour détourner le mauvais augure, je me suis hâté de rebrousser chemin. Mais je n’ai point aperçu de bière et j’ai demandé de quoi il s’agissait à une femme qui filait tranquillement sur sa porte.

— Ce sont des marins qui ont fait un vœu, m’a-t-elle répondu d’un grand sang-froid.

Alors j’ai suivi jusqu’à l’église cette procession à laquelle les ouvriers qui travaillaient sur la porte de leur boutique n’avaient pas l’air de faire grande attention, jusqu’à l’église de Saint-Dominique, où j’ai appris que ces marins appartenaient au brick l’Elisa qui, dans les derniers gros temps, a été sur le point de se perdre. Se voyant dans un extrême danger, ils firent un vœu qui les a sauvés.

Saint-Dominique, nommé aussi Notre-Dame, est à deux pas de la magnifique place appelée les Allées de Tourny[1].

Je ne connais pas de plus belle place en France. On a ôté les arbres depuis que la promenade voisine du Château-Trom-

  1. Stendhal avait d’abord écrit une phrase qu’il n’a ensuite qu’en partie biffée : « En revenant je traversais la magnifique place appelée les Allées de Tourny lorsque j’ai été arrêté par l’admiration. » N. D. L. E.