Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/15

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sans réplique. Avec quelle vivacité, à l’occasion, je pressais l’abbé de Lamennais de nous retracer l’histoire de cette grande révolution de son âme, qui, de prêtre ultramontain et d’émigré royaliste, l’avait fait libre-penseur et républicain populaire ! C’était un devoir, lui disais-je, en ce temps d’ébranlement général, pour quiconque avait rompu avec l’ordre ancien, et, devançant le jour d’une société plus vraie et plus libre, avait osé conformer à son sentiment propre plutôt qu’à l’opinion établie les actes de sa vie extérieure, c’était une obligation morale de s’expliquer et de faire sortir une édification supérieure de ce qui avait pu être le scandale des âmes simples. C’était le plus signalé service que l’on pût rendre aux hommes, de leur faire voir, dans une conscience forte, le combat des opinions, des devoirs, des sentiments, des pensées, auquel, plus ou moins obscurément, la plupart ont été en proie à une époque la plus troublée, la plus profondément révolutionnaire qui fût peut-être jamais.

Mais, à mes affirmations positives lorsque je considérais le devoir d’autrui, succédaient, aussi-