Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/163

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à la vieille cité leur rude empreinte, tandis que l’activité spontanée et le libre développement de la richesse moderne ajoutaient, d’année en année, quelque agrément à sa physionomie riante et charmante.

Le dôme, avec sa haute tour, la maison de ville ou le Rœmer, bâti sur l’emplacement de l’antique Burg mpereurs. qui venaient y prendre la couronne, et où, deux fois l’an, au printemps et à l’automne dressaient les boutiques, les étalages des foires immenses[1], l’Eschenheimer Thor, le Nürnbergerhof, le Braunfels, restes des anciens cloîtres ; les rues étroites aux courbes capricieuses, les maisons en bois aux toits aigus surplombants, le Ghetto, rendaient présent dans Francfort un sombre et lourd passé, féodal et monacal. Mais, depuis plus d’nn quart de siècle, tout y allait rapidement vers l’air et la lumière. Les remparts abattus, les fossés comblés faisaient place à une ceinture de bosquets, de pelouses verdoyantes. De

  1. Il faut lire, dans les Mémoires de Goethe, la description de ces foires et des cérémonies symboliques qui en marquaient l’ouverture. Le poète fait au sujet de l’extrême étroitesse des vieilles rues de Francfort une remarque ingénieuse. On dirait, écrit l’auteur de Wilhelm Meister, que les petits commerçants qui s’y logèrent voulaient pouvoir serrer de plus près le passant, l’atteindre de la voix et du geste, le forcer en quelque sorte à s’arrêter aux étalages qui se joignaient presque d’un bord à l’autre de la rue.

    Der Krämer liebt die engen Strassen, als wenn er den Käufer mit Bänden greifen wollte.