Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/305

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causaient beaucoup, longuement, sérieusement, à ce qu’on pouvait croire, avec les hommes, dans ces grandes réunions dansantes ou musicales ; Madame la duchesse d’Orléans, entourée de son beau cortège d’enfants, faisait le tour des salons et disait à chacun un mot aimable.

Le duc de Chartres, avec ses dix-huit ans, s’essayait à faire la cour aux dames. On disait qu’il s’y prenait bien. On vantait sa bonne éducation, bien que faite en partie dans les collèges, ce qui semblait déplorable. Son abord prévenait en sa faveur. Grand, svelte, élégant, simple dans sa mise, réservé dans ses manières, le duc de Chartres, avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son teint pâle, avait l’air d’un jeune gentleman plutôt que d’un prince français. Il causait déjà très-bien, d’un ton très-doux. Cette année même, il commençait d’aller dans le monde, chez les ambassadeurs, chez les ministres et dans quelques salons des deux faubourgs. Il y fut vite à la mode, comme on peut croire. Les femmes qu’il distinguait s’en firent honneur. On lui supposa des bonnes fortunes, et rien ne parut plus naturel.

Par un singulier hasard, il se rencontra que l’année même où le duc de Chartres paraissait pour la première fois dans le faubourg Saint-Germain, on y vit en même temps un autre jeune homme très-beau, très-élégant, bienvenu des femmes, lui aussi, d’un sang