Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien différentes de celles que j’avois eues en descendant…

Déguise toi comme tu voudras, triste esclavage, tu n’es toujours qu’une coupe amère ; et quoique des millions de mortels, dans tous les siècles, aient été formés pour goûter de ta liqueur, tu n’en es pas moins amer. C’est toi, ô charmante déesse ! que tout le monde adore en public ou en secret ; c’est toi, aimable liberté, dont le goût est délicieux, et le sera toujours jusqu’à ce que la nature soit changée… Nulle teinture ne peut ternir ta robe de neige, nulle puissance chimique changer ton sceptre en fer… Le berger qui jouit de tes faveurs est plus heureux en mangeant sa croûte de pain, que son monarque, de la cour duquel tu es exilée… Ciel… ! m’écriai-je en tombant à genoux sur la dernière marche de l’escalier, accorde-moi seulement la santé dont tu es le grand dispensateur, et donne-moi cette belle déesse pour compagne........ et fais pleuvoir tes mîtres, si c’est la volonté de ta divine providence, sur les têtes de ceux qui les ambitionnent.