Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/443

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que dans toutes les professions où il y a plus de sujets de tentation que dans les autres, il n’y eût beaucoup de ces publicains dont la conduite étoit irréprochable, et qui traversoient tous les pièges et toutes les occasions qui bordoient leur chemin, sans avoir à rougir une seule fois, et avec le témoignage intérieur d’une bonne conscience.

Tel étoit notre publicain. Les sentimens de candeur et d’humilité que lui inspiroit sa foiblesse, ne peuvent procéder que d’une ame telle que je viens de la décrire.

Il va au temple faire un sacrifice de prières. En s’acquittant de ce devoir, il ne plaide pas en faveur de son mérite, il ne le compare pas orgueilleusement à celui des autres, il ne se justifie pas avec Dieu ; mais respectant le sanctuaire majestueux où sa présence se déploye plus immédiatement, il s’en tient éloigné, il tremble de lever les yeux au ciel ; mais il frappe sa poitrine, et en fait sortir ces mots entrecoupés et soumis ! ô Dieu pardonne-moi mes péchés :

Ciel ! combien la vraie humilité est précieuse et aimable ! quelle différence elle met devant toi entre deux hommes ! l’orgueil n’est pas fait pour une créature aussi imparfaite. L’orgueil spirituel lui convient en-