Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/446

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mal assurés, qu’un moucheron embarrassoit, et qui auroit avalé un chameau. C’étoient de ces gens que notre Sauveur reprenoit par une comparaison familière et domestique ; ils nettoyoient le dehors de la coupe, mais ils souffroient que le dedans, la partie la plus importante, fût pleine de corruption. D’après cette connoissance du caractère et des principes du pharisien, il est aisé d’apprécier sa conduite dans le temple. Un tel effet devoit produire cette cause.

De tout temps cela est arrivé par une fatalité attaché aux abus qui se sont glissés dans les cultes religieux ; ils dégénèrent insensiblement en cérémonies externes, eux qui devroient toujours consister dans la pureté et l’intégrité de l’aine. Comme ces rites sont aisément mis en pratique, et qu’on peut atteindre à leur perfectibilité sans une grande résistance de la chair et du sang, il est naturel qu’ils jettent ceux qui les profanent dans l’intime conviction de leur mérite, et dans le mépris de celui des autres ; ils se pénètrent de leur sainteté, et se targuent facilement de leur relation avec la divinité, et de leur position vis-à-vis d’elle. Voilà la vraie définition de l’orgueil spirituel.

Quand le véritable esprit de la piété