Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/494

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aux fers pour faire sur son corps exténué, l’épreuve des supplices, qu’un système de la cruauté la plus rafinée put seul inventer. La victime est jetée aux bourreaux, elle étoit déjà épuisée par les peines et les longueurs d’une prison sévère. Observez le premier mouvement de cet horrible machine, quelles convulsions elle opère ! les muscles s’étendent, les nerfs se brisent, les os craquent et se déboitent ; voyez dans quelle posture le malheureux est ensuite jeté ; c’est tout ce que la nature peut endurer. Bon Dieu ! comme il retient avec effort son ame fatiguée, errante sur ses lèvres tremblantes ; elle veut abandonner le corps mutilé, on ne le permet pas encore. Il est replongé dans le cachot, et il n’en sortira désormais que pour aller au bûcher, et être insulté à son agonie. Qui lui prépare cette mort et ces insultes ? Le principe affreux que la religion peut exister sans la morale.

La meilleure manière de reconnoître le mérite d’un système religieux est de voir les conséquences qu’il a produit, et de les comparer avec l’esprit du christianisme. Cette règle courte et sûre vaut un millier d’argumens, et elle nous a été donnée par notre