Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/515

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on se plaint ici ; on ne pourroit les prévenir que par la subversion totale de la liberté humaine. Si Dieu montroit son bras nud et arrêtoit toutes les injustices qui peuvent se commettre, l’homme sans doute feroit le bien ; mais il en perdroit le mérite, agissant par les impulsions de la nécessité et de la force, et non d’après les déterminations de son esprit : sur cette supposition il ne devroit pas plus s’attendre à conquérir le ciel par des actes de tempérance, de justice, d’humanité, que par l’impulsion ordinaire de la faim et de la soif telles que la nature les dirige. Le tout-puissant a fait un autre pacte avec le genre humain, il a mis devant lui la vie et la mort, le bien et le mal, il lui a donné la faculté de choisir, et de prendre ce que sa raison lui feroit trouver le meilleur.

Je n’insisterai plus sur tous les argumens faits pour venger la Providence ; ils ont été si souvent débattus, qu’ils n’ont pas laissé la moindre réponse à faire. Les misères qui accablent le bon, et le bonheur apparent du mauvais ne peuvent prendre un cours différent, dans l’état de liberté où l’homme se trouve placé.

Lorsqu’on intente de pareilles accusations, il est deux choses que nous tenons pour