Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/568

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il peut être utile à connoître, mais surtout il réduit au silence toutes les objections faites sur le massacre des enfans de Bethléem, objections tirées de l’invraisemblance d’une histoire aussi horrible. Hérode agit conséquemment à ses principes, et comme agiroit en pareille circonstance un homme qui auroit une tête aussi ambitieuse, et un cœur aussi mauvais. Quel désordre n’a pas commis l’ambition ? combien de lois la même tragédie a-t-elle été exécutée sur de plus grands théâtres ! Non-seulement l’innocence de l’enfance, et les cheveux blancs de la vieillesse n’ont pas excité la pitié, mais des contrées entières ont été sans distinction incendiées et réduites à la famine, sous la conduite de l’ambition. Réfléchissez sur ce que nous rapporte un écrivain[1] respectable ; soixante et dix villes populeuses furent ravagées et détruites par P. Émile à une heure fixée et imprévue ; cent cinquante mille personnes furent en un jour faites captives, et destinées à être vendues au dernier enchérisseur, et à finir leurs jours dans les travaux et dans la peine. Le massacre étonnant qu’ordonna Hérode le cède à ce trait ; hélas ! ce que l’his-

  1. Plutarque.