Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/67

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vivement que dans cette occasion par ma sagesse…

La Fleur avoit commencé son entrée dans le monde, par satisfaire le noble désir qui enflamme presque tous ses compatriotes… Il avoit servi le roi pendant plusieurs années : mais s’étant aperçu que l’honneur d’être tambour n’ouvroit pas les portes de la récompense, ni la carrière de la gloire, il s’étoit retiré sur ses terres, où il vivoit comme il plaisoit à Dieu, c’est-à-dire, aux dépens de l’air.

Ainsi, me dit la Sagesse, vous avez pris un tambour pour vous servir dans votre voyage en France et en Italie ? Et pourquoi ne l’aurois-je pas pris ? dis-je. La moitié de notre noblesse ne fait-elle pas le même voyage avec des lendors de compagnons qu’elle paie, et qui lui laissent à payer de plus le flûteur, le diable et tout son train ?… Lorsqu’on peut se débarrasser d’un mauvais marché par une équivoque… je trouve qu’on n’est pas à plaindre… Mais, La Fleur, vous savez sans doute faire quelque chose de plus ? Oh qu’oui !… Il savoit faire des guêtres et jouer un peu du violon. Bravo ! dit la Sagesse… Moi, lui dis-je, je joue de la basse… ainsi nous pourrons concerter… Mais, La Fleur,