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LES TROIS DIABLES.

Bim ! bam ! boum ! le diable en sautait, et les marteaux faisaient du feu.

Les deux hommes martelèrent de la sorte pendant quinze jours.

Sur la fin du quinzième jour, à la nuit tombante, le diable qui avait tous les os rompus dit à Richard :

— Si tu veux me lâcher, je t’abandonne tous mes droits sur ta femme. Si elle est damnée, nous l’aurons toujours ; si elle fait son salut, tant mieux pour elle.

— Ça me va, répondit Richard en ouvrant le sac, et le diable disparut comme un feu follet.

Quelque temps après, il arriva que la femme de Richard mourut.

Comme elle avait vécu en ivrognesse et qu’elle était morte ivrognesse, aussitôt qu’elle arriva à la porte du paradis, elle dut faire demi-tour, et tomba en enfer où les diables la chauffèrent comme il faut.

Quand Richard mourut à son tour, il alla cogner à la porte du paradis.

St. Pierre voyant arriver le cordonnier, lui dit :

— N’es-tu pas Richard ?

— Oui.

— N’est-ce pas toi qui avais une femme qui buvait tout ton gagne ?

— Oui.

— Te rappelles-tu ce mendiant qui t’accorda trois souhaits à ton choix ?…

— Je m’en souviens comme si c’était arrivé hier, quoiqu’il ait coulé bien de l’eau dans le St. Laurent depuis ce temps-là.