Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/129

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et d’autres portant de petites veinules qui crevaient sous mes doigts.

Même en amont du golfe, l’odeur marine était extrêmement salée et excitante.

En outre, le Covenant commençait à déployer ses voiles, attachées en paquets sous les vergues, et l’aspect intime de tout ce que je voyais évoquait à mon esprit des idées de lointains voyages et des pays étrangers.

Je considérai aussi les matelots de la yole, de gros gaillards halés, quelques-uns en bras de chemise, d’autres en jaquette, d’autres le cou entouré de foulards aux couleurs variées.

L’un d’eux avait une paire de pistolets passés dans ses poches ; deux ou trois autres étaient armés de triques noueuses, et tous avaient leurs couteaux à éteuf.

Je passai cette partie de la journée avec l’un d’eux qui avait l’air moins bandit que ses camarades et je lui demandai des détails sur la mise à voile du brick.

Il me répondit qu’on partirait dès la marée, et il exprima sa satisfaction de quitter un port où il n’y avait ni tavernes, ni joueurs de violons, mais tout cela était accompagné de jurons si horribles que je me hâtai de m’éloigner de lui.

Cela me ramena près de Rançon, qui paraissait le moins gredin de toute la bande.

Il ne tarda pas à sortir de l’auberge et à courir après moi, en réclamant un bol de punch.

Je lui dis que je ne lui donnerais rien de pareil, parce que ni lui, ni moi nous n’étions d’âge à nous permettre cela.

— Pour un verre de bière, soit, je ne demande pas mieux, ajoutai-je.