Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en bondissant d’une pierre à l’autre, et je traversai l’île en courant avec une agilité que je n’avais jamais montrée jusqu’alors.

En une demi-heure, j’arrivai sur les bords de la crique, et en effet, elle s’était réduite à un mince filet où je m’élançai, n’ayant d’eau que jusqu’aux genoux.

J’avais assisté à la montée et à la descente de la marée dans la baie. J’avais même attendu le reflux pour récolter plus commodément mes coquillages. Et même, si je m’étais arrêté à réfléchir, au lieu de maudire mon sort, j’aurais dû deviner le mystère et retrouver ma liberté.

Ce qui devait plutôt étonner, c’était que ces gens-là eussent compris mon erreur et pris la peine de revenir.

J’avais failli mourir de froid et de faim sur cette île, en y séjournant bien près de cent heures.

Sans les pêcheurs, j’aurais pu y laisser mes os, et par pure folie.

Et ce dénoûment même je l’avais payé bien cher, non seulement par les souffrances passées, mais par ma situation présente, car j’étais fait comme un mendiant, à peine en état de marcher, et je souffrais beaucoup de la gorge.

J’ai vu un assez grand nombre de sots et de gredins, j’en ai vu des uns et des autres, et je crois que tous ont subi leurs châtiments, mais que les sots l’ont subi les premiers.