Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/265

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Enfin il devint impossible à James de rester assis plus longtemps, et il me demanda de vouloir bien excuser l’impolitesse qu’il commettait en allant et venant.

— D’ailleurs, monsieur, je ne suis guère en état de vous tenir compagnie, dit-il. Je ne puis songer à autre chose qu’à ce terrible accident et aux malheurs qui en seront la conséquence pour des gens tout à fait innocents.

Un instant après, il vit son fils brûler un papier qui, selon lui, aurait dû être conservé, et à cette vue il eut un accès d’emportement qui faisait peine à voir. Il frappa le jeune garçon à plusieurs reprises.

— Êtes-vous donc devenu fou ? lui cria-t-il. Voulez-vous donc faire pendre votre père ?

Et oubliant ma présence, il lui adressa une longue tirade en gaélique à laquelle le jeune homme ne répondit rien, mais sa femme, en entendant parler de pendre, se cacha la figure dans son tablier et sanglota plus bruyamment que jamais.

Tout cela était bien terrible à voir et à entendre pour un étranger comme moi. Aussi éprouvai-je une vraie joie quand Alan reparut. Il était redevenu lui-même dans ses beaux habits à la française, bien que leur état d’usure ne permît plus guère de les appeler de beaux habits.

Alors un autre des fils de la maison s’adressa à moi, à mon tour, et il me donna un habillement complet dont j’avais besoin depuis bien longtemps, avec une paire de brogues des Highlands, en peau de daim, qui me parurent d’abord assez étranges, et qui m’allèrent très bien avec un peu d’habitude.

De ce moment à mon retour, Alan avait dû raconter son histoire, car il semblait convenu que je devais